- reluquer
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• v. 1730; mot picard empr. au wallon rilouki, de louki, moy. néerl. loeken; cf. angl. to look « regarder »♦ Fam.1 ♦ Regarder du coin de l'œil, avec intérêt et curiosité. ⇒ lorgner. Reluquer les filles. « Il la reluqua : — Vous êtes bien nippée » (Dabit).2 ♦ Considérer (une chose) avec convoitise; guigner. Il « reluquait la façade comme s'il cherchait un logement à louer » (Simenon).Synonymes :- dévisager- guigner (familier)- lorgner (familier)- loucher sur (familier)reluquerv. tr. Fam. Lorgner avec curiosité ou convoitise. Reluquer une femme. Syn. (Maurice, Réunion) louquer.|| Fig. Avoir des vues sur. Reluquer un héritage.⇒RELUQUER, verbe trans.Pop., fam.A. — Regarder quelqu'un du coin de l'œil avec curiosité, attention ou envie. Synon. lorgner. Les dimanches furent pour elle à cette époque, des journées de rendez-vous avec la foule, avec tous les hommes qui passaient et qui la reluquaient (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 710). Il tenait un ennemi au bout du canon de son fusil (...). Mathieu ne se pressait pas, il reluquait son bonhomme (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 186).Rem. L'empl. le plus fréq. est associé au désir sexuel.B. — 1. Regarder, considérer une chose avec convoitise ou simplement curiosité. Synon. guigner. Reluquer une bague, une bouteille, un héritage, une maison. Il y avait aussi un juif allant à la comédie du grand Sanhédrin de Napoléon et qui reluquait ma bourse (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 338). Étienne, reluquant avant de sortir la paire d'épées que le général tient maintenant par les poignées, les pointes à terre: Quel drôle de parapluie! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, III, 7, p. 61).2. Convoiter quelque chose par la pensée. Il y a deux ou trois affaires que je reluque; nous les ferons ensemble (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 30).C. — Empl. abs. Regarder attentivement, scruter. Le Conducteur: (...) Que fait notre représentant [du Comité de salut public], qui depuis un bon moment était à reluquer à sa fenêtre (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 501). Les passagers de mon wagon sortaient peureusement de leurs compartiments (...) reluquaient dans le couloir, s'interrogeant l'un l'autre (CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p. 276).Prononc. et Orth.:[
], (il) reluque [-lyk]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1730 « regarder avec une curiosité indiscrète ou avec admiration, avec convoitise » (CAYLUS, Le Bordel ou le Jean-foutre puni, 67 d'apr. F.-J. HAUSMANN ds Aufsätze zur Sprachwissenschaft, 2, 1980, p. 37, 44); 2. 1828-29 « considérer (une chose) avec convoitise; guigner » (VIDOCQ, loc. cit.). Dér., à l'aide du préf. re-, de luquier, intrans. « regarder » (4e quart du XIIIe s. [date du ms.], Auberée, 97 ds NRCF, éd. W. Noomen, t. 1, p. 188, var. du ms. A), trans. « id. » (ca 1375, E. DESCHAMPS, Œuvres, VIII, 72, 27 ds T.-L.), empr. au m. néerl. loeken « regarder; regarder en cachette, épier »; cf. aussi le dér. alukier « regarder curieusement » (fin du XIIIe s., Du Mesdisant, 97, éd. A. Långfors ds Romania t. 40, 1911, p. 563) et warlousquier « loucher » (1288, JACQUEMART GIELEE, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 4068). V. FEW t. 16, pp. 478-479. Fréq. abs. littér.:45. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 308.
reluquer [ʀ(ə)lyke] v. tr.ÉTYM. 1750, Moncrif, mot poissard; selon Bloch-Wartburg, mot picard empr. au wallon rilouki, de louki, moyen néerl. loeken (cf. l'angl. to look), mais le mot, comme luquer « loucher », appartient à l'ensemble du domaine gallo-roman et Guiraud y voit un dér. du lat. lucere « faire luire », par une forme lucicare.❖♦ Familier.1 Regarder du coin de l'œil, avec intérêt et curiosité. ⇒ Lorgner. || Reluquer une femme, les filles.1 — Je vas te dire ce que c'est (la foire à Soulanges), en deux mots, reprit Catherine. On y est reluquée quand on est belle. À quoi cela sert-il d'être jolie comme tu l'es, si ce n'est pour être admirée par les hommes ?Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 172.2 Il la reluqua :— Vous êtes bien nippée.Ce compliment lui redonnait confiance.Eugène Dabit, Hôtel du Nord, XXXI.2.1 — Vous vous appelez comment ? demanda Pierrot à la fille qui demeurait là stupide à reluquer le trio.R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 136.3 (…) mon oncle couche sur plus de cent mille francs en or ! (…) et je suis certaine que les Perrache, sous couleur de le soigner, ont reluqué le magot.Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 223.
Encyclopédie Universelle. 2012.